Comment manger avec une prothèse dentaire ?

Votre prothèse dentaire va vous changer la vie en vous simplifiant le quotidien. Nul besoin de revenir sur ses nombreux avantages à la fois esthétiques et pratiques car vous en avez déjà probablement conscience.

En revanche, vous vous posez peut-être des questions aussi élémentaires que « Comment manger avec une prothèse dentaire ? ». L’idée que votre appareil reste accroché à la pomme dans laquelle vous venez de croquer peut sembler à première vue risible, mais il n’est pas certain que cela vous fasse rire si cela devait arriver… (Ce qui ne sera pas le cas, rassurez-vous !).

En appliquant les conseils que vous allez lire ci-dessous, vous allez pouvoir peu à peu vous familiariser avec votre prothèse dentaire, adopter de nouvelles habitudes, et tout se passera pour le mieux !

Privilégiez dans un premier temps les aliments mous

Effectivement, il vaudra mieux laisser passer un peu de temps avant de songer à croquer à pleines dents dans une pomme ou un steak. Pendant votre période d’adaptation – qui n’est pas d’une durée prédéfinie puisque cela dépend de vous – privilégiez les aliments mous. Cette période d’adaptation peut tout à fait être de quelques semaines comme de six mois. Ne vous pressez pas.

« Malgré la réalisation de prothèses techniquement parfaites et immédiatement disponibles, le patient présentera des œdèmes et des douleurs. La guérison se produira après quelques semaines et ces patients apprendront alors, en fonction de leurs capacités individuelles sur le plan cognitif et neuromusculaire, à manipuler et à utiliser les prothèses reposant sur les muqueuses. Il faudra jusqu’à six mois d’adaptation pour que les porteurs de prothèses immédiates atteignent l’efficacité masticatoire des personnes porteuses de prothèses complètes depuis plusieurs années (Bates & Stafford 1971; Müller et coll. 1995). » (1)

Au début, il peut être un peu ennuyeux et monotone de manger toujours les mêmes aliments. Une fois que vous commencez à vous habituer à votre prothèse, passez à des aliments plus variés comme du poulet ou du poisson.

Voici quelques idées d’aliments idéaux dans les premiers temps : les œufs, la soupe, la purée, les légumes cuits, les fruits mous comme l’avocat et la banane, la compote, les yaourts.

D’autres catégories d’aliments à éviter durant le temps d’adaptation avec une nouvelle prothèse dentaire :

Les aliments collants : évitez le plus possible les aliments collants tels que le caramel, le nougat, les fruits séchés et bien entendu les chewing-gums ! Le pain est lui aussi déconseillé car il devient collant au contact de la salive et peut ainsi engendrer un décrochement de la prothèse.
Les graines : les graines de tournesol ou bien le couscous par exemple, s’infiltrent facilement dans les espaces localisés entre la muqueuse buccale et la prothèse dentaire. Elles peuvent être la cause d’inconfort et d’irritation des gencives.

« Une étude de Millwood & Heath illustre bien ce changement souvent inconscient de régime alimentaire. La plupart des porteurs de prothèses complètes ont indiqué que la viande est le seul aliment difficile à consommer. Mais en posant des questions plus précises, il est apparu en outre que les fruits à pépins, les noix, les carottes, la viande de bœuf, les caramels et le céleri ne sont plus consommés en raison de problèmes de broyage de ces aliments. » (2)

Modifiez votre façon de manger

Cela passe tout d’abord par votre manière de mastiquer. L’idée est de prendre votre temps, de mâcher lentement. Essayez également d’équilibrer la quantité de nourriture sur chaque surface masticatoire. Autrement dit, mâchez autant à gauche qu’à droite et de préférence au fond pour mobiliser les molaires.

Afin de faciliter la mastication, mais aussi pour ne pas avoir besoin d’ouvrir trop grand la bouche, coupez votre nourriture en petits morceaux et/ou prenez de petites bouchées. Plus vous réintroduirez des aliments durs, plus vous devrez faire attention à ce point.

Mâcher lentement, une bonne habitude que nous devrions tous prendre

Que nous portions une prothèse dentaire ou non, prendre le temps de mâcher les aliments devrait être un réflexe pour tous. Notre cerveau aurait en effet besoin de 15 à 20 minutes après ingestion d’un repas pour envoyer un message de satiété au corps. Mastiquer permet par conséquent d’allonger le temps du repas et de sortir de table sans avoir faim.

« Manger plus lentement permet de réduire la quantité de nourriture consommée ainsi que conduire à un plus grand degré de plénitude et à une notion de coupe-faim. Il n’est pas nécessaire d’appliquer cette méthode pour chaque repas. Manger à mon avis, devrait être une expérience agréable sans avoir à vérifier le temps. » Meena Shah, nutritionniste interrogée par l’agence Reuters.

Attention aux boissons et aliments chauds

Votre prothèse fait office d’isolant vis-à-vis de vos muqueuses. Le risque est donc que votre sensibilité au chaud soit réduite, faussée. Certaines personnes se brûlent sans s’en rendre compte, absorbant une nourriture à température trop élevée. Soyez prudent ! Si vous voyez que les personnes qui partagent votre table soufflent sur leur fourchette ou leur cuillère avant de l’enfourner dans leur bouche, faites de même.

Utilisez une crème adhésive

N’hésitez pas à demander conseil à votre dentiste sur les crèmes adhésives pour prothèses dentaires afin que celle-ci tienne mieux et que vous puissiez manger en toute sérénité. Les crèmes adhésives peuvent également empêcher les débris alimentaires de pénétrer en scellant l’espace entre la prothèse et les gencives.

Le temps d’adaptation pourra vous paraître long et les repas ne seront pas toujours une partie de plaisir mais gardez à l’esprit que tout cela est temporaire et que plus vous serez habitué à votre prothèse dentaire, plus vous retrouverez vos habitudes d’avant. Vous aurez même regagné en qualité de vie !

N’oubliez pas de vous rendre régulièrement chez le dentiste pour ajuster la prothèse dentaire, d’autant plus si celle-ci continue de vous gêner après plusieurs jours.

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(1) et (2) SCHIMMEL, Martin, et al. Fonction masticatoire et alimentation de la personne âgée. Swiss Dental Journal, 2015, vol. 125, no. 4, p. 533-539